LES ESQUIMAUX …………YUPIIT
(ou yupik au singulier)
Les yupiit sont des indigènes qui vivent sur la moitié sud
de la côte ouest de l’Alaska, spécialement sur le delta Yukon-Kuskokwim et le
long de la rivière Kuskokwim et sur la pointe orientale de la Russie et l’île
Saint Laurent au sud du détroit de Béring (les Yupiit de Sibérie). Ils sont
apparentés aux « Inuits ».
Le delta du Yukon se compose plus ou moins d’une toundra
subarctique à riche végétation et de nombreux cours d’eau servant de voies de
communication. Le manque de bois est remplacé par l’abondance du bois de
flottage descendant les rivières au printemps.
Les Yupiit du centre de l’Alaska sont de loin le groupe le
plus important. Les explorateurs russes dans les années 1800 ont fait une
confusion. Certains Yupiit le long de la frontière ont été appelés Aléoutes ou
Alutii en Yupik. Cette dénomination est restée et les Yupiit se sont désignés
ainsi : « Yuk » (personne) et « Pik » (vrai).
Traditionnellement, les familles passaient le printemps et
l’été au camp de pêches puis se retrouvaient dans les villages pour l’hiver.
- dans la maison commune des hommes « les Qasqig » se déroulaient les
cérémonies, les festivités, les chants, les danses etc … et les traditions
orales. Cette maison était utilisée pendant les mois froids car les groupes de
familles suivaient les sources de nourriture du printemps à l’automne. Tous les
hommes et les garçons de plus de 5 ans (en dessous, les garçons vivaient près de
leur mère). Ce système de vie permet l’échange et le maintien des traditions
par la voix. C’est donc le lien avec les enfants qui apprennent de leurs aînés les
techniques de survie et de chasse.
Ces maisons semi souterraines sont fabriquées en bois flotté,
isolées par de l’humus et ouvertes par une entrée en tunnel. A l’intérieur est
le reflet de l’organisation sociale du groupe : par exemple les hommes les
plus importants y sont au fond où il fait plus chaud … !
Les femmes peuvent y pénétrer lors de cérémonies
communautaires ou intercommunautaires.
- dans la maison des femmes « l’Ena » est en principe la maison voisine et
parfois les 2 maisons étaient reliées par un tunnel. Les femmes apprennent aux
filles à coudre, faire la cuisine et tisser.
Tous les hivers durant 3 à 6 semaines les garçons et les
filles commutent, les hommes les initiant aux méthodes de survie, de chasse, de
fabrication d’outils et les garçons … à coudre et cuisiner.
Pour les Yupiit chaque être et chaque objet possède une
âme … le « Yua » qui inspire le
respect …. sous peine de punitions.
Beaucoup de familles ont conservé les moyens traditionnels
de subsistance, spécialement le saumon et le phoque.
La langue yupik est encore largement utilisée avec plus de
75° de la population qui la parle couramment. Le système d’écriture est
semblable à l’orthographe romaine, développé par les missionnaires moraves
(branche du protestantisme issue de Moravie – région d’Europe centrale –
aujourd’hui partie orientale de la république tchèque) vers la fin du XIX ème
siècle. Les yupiit de l’Alaska sont les seuls peuples autochtones qui ont
développé un système d’écriture pictographique (dessin figuratif,
stylisé ayant fonction de signe).
Outre la fabrication des vêtements, production à la fois
vitale et virtuose, les Yupiit sont célèbres pour la fabrication de masques
cérémoniels. L’aspect varie selon l’usage, allant de petits masques de doigts à
de grands nécessitant plusieurs porteurs. Il existe des normes strictement
respectées. Ils sont créés spécifiquement pour une occasion et d’après le rêve
du chaman. S’il ne le fabrique pas lui-même, il est indiqué au sculpteur ce
qu’il doit faire.
Chaque masque est unique et sa fabrication est sujette au
désir et à la sensibilité du sculpteur. C’était un privilège de se voir
désigner par le chaman (bien sûr le ou les plus doués).
La fabrication commençait par la collecte du bois récupéré
pour l’occasion et soumise à des rites particuliers afin de respecter le Yua (âme).
Le sculpteur suivait les directives du chaman pour la forme de l’objet, le
peignait et terminait par l’ajout des différents éléments rapportés. Le peindre
était le rendre visible au monde des esprits. Ils se servaient majoritairement
de pigments naturels restant fidèles à la tradition. Ceux-ci étaient souvent
brûlés après la cérémonie ce qui laisse peu de traces … d’où la rareté des
trouvailles archéologiques.
Le Musée du Quai Branly expose plusieurs masques Yupik et
deux dépôts au pavillon des Sessions du Musée du Louvre.
Rarissime : un masque en bois flotté a été
retrouvé au Groenland à la fin du XIX ème siècle. Son estimation est
considérable ….. 45 000 euros !!!