ZARAFA ……….. CADEAU
DIPLOMATIQUE
Elle a été offerte par le pacha, vice roi d’Egypte Méhémet
Ali (1769/1849). Il ne voulait pas que la France et l’Angleterre se mêlent du
conflit qu’il avait avec la Turquie. En échange, il offre : une girafe au
roi Charles X (1757/1836) en France et une autre à l’Angleterre explique
Michaël Rabiller, médiateur scientifique du Muséum d’Histoire Naturelle de la
Rochelle.
- vice roi Méhémet Ali
- Charles X, roi de France
Il a fallu organiser le voyage du Soudan d’où était
originaire la girafe jusqu’à … Paris où elle est présentée au roi. Il
fallait penser aussi à la traversée de la Méditerranée. Le pont du bateau a été
découpé en partie afin de laisser passer son long cou. Installée
obligatoirement à fond de cale ... il était hors de question que celle-ci
voyage la tête baissée tout le long du trajet !!
Enfin la girafe foule le sol français dans le port de
Marseille. Elle est la 1ère girafe à le faire. Nous sommes en novembre 1826. Il est prévu qu’elle
rejoigne Paris à pied mais il sera décidé qu’elle resterait sur place pour lui
éviter la traversée du pays en hiver.
En mai 1827, le périple commence. Il s’agit d’un convoi.
Elle est accompagnée de 4 palefreniers arabes et de 3 vaches dont le lait sert
à la nourrir car elle n’est pas encore sevrée. Plusieurs villes comme Aix,
Avignon, Lyon …. voient son passage et c’est à chaque fois un engouement
incroyable au sein de la population car la plupart n’en avait jamais vue. La
traversée de la France dure 5 semaines. Elle tenait bien le coup puisque dans
la savane une girafe peut parcourir 50 à 100 km par jour. En fait ce sont les
vaches qui ralentissaient le convoi car celles-ci étaient nettement moins
endurantes.
Installée dans la ménagerie du roi à Paris, Zarafa attire
600 000 visiteurs/an. C’est un objet de curiosité, de fantasme,
d’admiration. Elle est LE sujet de conversation
qui brûle toutes les lèvres du pays … Certains parcourent une distance
incroyable pour venir la découvrir. Elle fait aussi l’objet d’études très
précises de la part de scientifiques du Muséum National d’Histoire Naturelle.
Zarafa meurt en 1845 à l’âge de 21 ans. Dans son milieu
naturel elle pouvait atteindre entre 20 et 21 ans. En captivité son espérance
de vie était de 25 ans. Elle a donc bénéficié d’une grande qualité de soins
tout au long de sa vie française. A titre de comparaison la girafe anglaise est
morte …. 2 ans après son arrivée !
La dépouille de l’animal est naturalisée par des maîtres
empailleurs et conservée durant de longues années au Muséum d’Histoire
Naturelle. En juillet 1931, le professeur Edouard
Bourdelle invite des responsables de Musées de province à venir acquérir
des animaux naturalisés de grande taille, conservés en grand nombre à Paris
afin d’enrichir leurs propres collections. Le docteur Etienne Loppé,
conservateur du Muséum d’H.N de la Rochelle ne s’y trompe pas en portant son
choix sur …. ZARAFA ! Il connaît sa valeur historique et la célèbre
girafe est installée au cœur même du bâtiment exactement à l’endroit où elle
est encore visible aujourd’hui.
Son apparition déclenche une sorte de folie … à son
effigie ... des porcelaines, savon de Marseille baptisé « la Girafe »
mais aussi des auberges étapes qui changent le nom de leur enseigne après son
passage etc … C’était le début du …. Marketing !!
Pour Olivier Lebleu,
écrivain et historien …. L’enthousiasme reste intact. Il accompagne avec Pathé Distribution la tournée des avant-premières du
film, version historique de « L’aventure de Zarafa ». L’accueil de ce film est très
positif. Le graphisme est beau, on pleure, on rit et il rappelle le grain des
divers dessins animés d’autrefois. L’histoire est présentée comme un conte
africain. Au début, on voit un vieillard raconter l’histoire de Zarafa aux
enfants du village. On est dans la tradition orale. Les adultes sont tout
autant intéressés que les enfants. Ils prennent conscience que c’est une partie
de l’histoire de France. Zarafa représentait le surgissement de l’Orient en
Europe, une petite émigrée qui devient une gloire nationale sans compter que la
girafe reste un animal extraordinaire, digne, élégante et gentille.
Depuis son arrivée en terre rochelaise, Zarafa bénéficie
toujours d’un écrin à la hauteur de son aura.
A l’occasion du film d’animation, le Muséum d’H.N. de la
Rochelle a fait installer un bas relief derrière la silhouette imposante de
l’animal. Durant plusieurs semaines toute la ville de la Rochelle se met aux
couleurs de Zarafa au travers de nombreuses animations.
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