samedi 27 juin 2015

Poésie : l' Eté









L’Eté

Terre fendue accablée sous l’éclatant ciel azur ;
Stridulent les cigales sur le muret écroulé
Et se dorent sur sa pierre, les lézards paresseux.
Sous les rayons ardents … elle semble agoniser.

Les fourmis poussent et tirent à vive allure
Un insecte mort, une aile, une feuille craquelée
Dominées par la grâce de plumets fructueux
Qui s’égrainent aux quatre vents … volatilisés.

Les lépidoptères virevoltent en danses colorées
De trémières en vagues rouges de coquelicots
Et se perdent de nectars en calices bleutés
Vers la draille caillouteuse du pont de bois.

Les vignobles portent des grappes de jais, dorées
Sur les flancs féconds des collines et coteaux
Où s’alignent dans le maquis, les oliviers argentés,
Saluant le ru, où mûriers et viorne se noient.

Les libellules en ballets rapides survolent l’étang
Où se jettent grenouilles et tritons en fuite.
La couleuvre se glisse entre les iris et les joncs …
C’est un frisson qui balaie les eaux noires.

Un souffle frais blanchit les cimes et descend
Sur les jardins brûlés en haleine qui s’agitent.
Il exhale des odeurs de fruits mûrs, de fenaison,
De suint par les ventaux ouverts sur la beauté du soir.

Les chênes ne sont plus qu’ombres sous le couchant.
Le puits et son treuil s’évanouissent dans la nuit.
Les murmures nocturnes de la forêt profonde et intime
S’accroissent, troublants, sous les flambeaux du ciel.

Les chauves-souris s’éveillent et volent en rasant
La tonnelle aux sublimes parfums … sans bruit.
Une sonnaille tinte en bordure d’un abîme
Sous la houlette du berger recueilli qui veille.

A.T. 2007

Lépidoptère : insecte dont les papillons
Draille : chemin de transhumance
Fenaison : période où le foin est coupé
Ventail : panneau pivotant
Sonnaille : clochette attachée au cou des vaches
Houlette : bâton de berger

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